Le déluge

Nous connaissons désormais tout de Louis XVI et de son épouse Marie-Antoinette. Ou du moins le croyons-nous. Certes, l’historiographie est riche, tout comme la littérature, tant de films illustres, depuis La Marseillaise de Jean Renoir jusqu’à des réalisations plus intimistes comme Les adieux à la reine de Benoît Jacquot, mais le moment est-il arrivé de proposer une nouvelle approche, un angle inédit nous permettant d’observer les protagonistes de la chute de l’Ancien Régime? Pour son deuxième film, Gianluca Jodice nous répond en portant à l’écran les derniers mois de la vie des souverains de France dans la tour du Temple, lugubre forteresse parisienne où, en 1792, au cœur de la Révolution, ils furent emprisonnés avec leurs deux enfants en attendant leur exécution. Avec un fil narratif d’une grande précision philologique, cette ambitieuse co-production franco-italienne concentre son regard sur la psychologie des personnages pour la première fois vulnérables face au peuple mais surtout face à eux-mêmes. Vexations, bilans personnels et publics, tous les masques tombent ; l’apocalypse, à prendre ici au sens étymologique, c’est-à-dire le dévoilement, est multiforme et met à nu les personnes derrière les icônes d’un régime, comme eux, crépusculaire.